Je te vois ma fille

Une lettre ouverte à ma fille Anabelle:

Je te regarde ma grande fille de 8 ans, toi, qui veux tellement devenir une grande personne tout de suite. Je te regarde ma grande fille d’amour, toi, qui veux tant appendre, tout connaitre, réussir, performer et même être la meilleure dans toutes les sphères de ta vie. Je te regarde ma fille, toi qui veux tant être acceptée, aimée, appréciée, toi qui veux tant plaire aux autres, mais surtout ne pas leur nous déplaire. Je te regarde, je te vois !

Si je te disais ma fille que dans la vie « y’en n’aura pas de facile… » mais qu’en ce moment, à ton âge, tout devrait l’être – facile…

Si je te disais, de te foutre de ce que les autres pensent, de ne pas t’en faire avec ton pantalon qui ne « fite » pas avec ton chandail, que t’es belle, même quand tes cheveux sont fous et que tu as le droit de ne pas tout prendre au sérieux, là, maintenant, tout de suite, à 8 ans? Si je te disais que même si tu as eu un A- au lieu d’un A+ en anglais, ce n’est vraiment pas dramatique, même si tu paniques en me le disant? Parce qu’au fond je ne comprends pas pourquoi tu veux être si parfaite, je personne ne t’en demande autant.
Et si je te disais que je trouve que ta professeur de 3^e année est un peu « too much », que les pages à faire durant les vacances de Noël, celles qui t’ont fait pleurer parce que tu avais peur de ne pas avoir le temps de faire, si je te disais que ce n’est tellement pas important au fond et que tu aurais dû te reposer et ne pas avoir à penser à l’école durant tes vacances? Si je te disais qu’à mon avis c’est exagéré pour la 3^e année? Si je te disais que j’ai envie que tu sois un enfant encore longtemps, que j’ai envie de te voir t’amuser, relaxer, ne pas avoir de grosses responsabilités? Si je te disais d’arrêter de te prendre la tête pour essayer d’être une grande personne trop vite et de rentrer dans le moule des minis adultes? Si je te disais tout ça, me croirais-tu?

Parce que ma fille, l’enfance est tellement courte, je n’ai pas envie que tu passes ton temps à t’en faire pour tout. Tu as 8 ans et je vois déjà comme tu es angoissée à bien performer : sinon tu peux perdre une étoile, sinon tu n’auras pas d’argent récompense à l’école, sinon tu reçois des gros yeux qui te font sentir si mal, sinon on pourrait rire de toi à l’école, sinon maman et papa pourraient être déçus ou fâchés…
Tu ne devrais pas avoir à vivre dans la peur de perdre quelque chose ou de décevoir quelqu’un.

Ma belle fille, sache que je m’excuse si j’ai pu t’en demander trop ou si tu as cru que je te demandais d’être parfaite. Je te demande d’être toi, avec tes qualités et tes défauts. Tu m’impressionnes déjà tous les jours, quoique tu fasses, je t’aimerai toujours, inconditionnellement, de plus en plus fort!

Tu n’as pas à savoir quel emploi tu auras plus tard, tu n’as pas à avoir 100% dans tes examens, tu n’as pas à être la meilleure au patin, au karaté ou au dessin. Tu n’as qu’à être toi tout simplement et c’est suffisant! Tu seras toujours « assez ». Tu es déjà « sur la coche » tout le temps sans le savoir. Et même si tu ne l’étais pas…

Je t’aime telle que tu es! Continue d’être une enfant qui joue, qui découvre, qui expérimente et qui s’émerveille devant toute la beauté de la nature, de l’enseignement et de la nouveauté.

S’il-te-plaît, aimes toi comme je t’aime et vois-toi comme tu es réellement : merveilleuse enfant!
Brilles ma fille!

Maman

Petit texte pour partager avec vous ce qui m’a rendu triste de constater durant les vacances des fêtes. Les enfants doivent être des enfants. Oui, nous devons les éduquer et leur transmettre nos valeurs, mais ça passe avant tout par l’amour qu’on leur témoigne, pas par la rigueur des tâches et des performances que nous souhaitons qu’ils donnent. Laissons nos enfants être des enfants! Je vous invite à partager si ce texte vous a touché.

Avec amour xx
Catherine